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lembrum, il venait tenter la fortune à Porto-Novo. Ce moment, qu’il avait si long-temps désiré, de détruire ses ennemis à la fois, d’abattre tout d’un coup la puissance anglaise, ce moment il le croyait venu. Après avoir fait soixante-dix milles en deux jours, il vint camper à Mootipollam, à quatre milles de Porto-Novo. L’ardeur de Hyder était partagée par son armée ; des détachements de sa cavalerie venaient caracoler auprès des avant-postes des Anglais, tantôt les raillant de leur inaction, tantôt leur recommandant de ne pas sortir de leurs postes et de ne pas s’aventurer dans la plaine, s’ils tenaient à revoir Madras et leurs familles. Quand les détachements anglais s’avançaient pour faire le fourrage, les cavaliers mysoréens se retiraient, leur cédant le terrain et leur criant ironiquement : « Avancez, avancez ; ne craignez rien : nous nous garderons bien de faire du mal à des prisonniers de Hyder-Ali ; » raillerie rendue plus cruelle par le spectacle qui de tous côtés frappait les yeux. Le camp mysoréen couvrait une immense étendue de terrain, où de nombreux corps de cavalerie et d’infanterie étaient sans cesse en mouvement ; ceux des Anglais échappés de Permibacum retrouvaient là Hyder tout aussi formidable qu’il leur avait jamais paru ; à sa vue, le souvenir de cette terrible défaite se réveillait triste et lugubre dans tous leurs esprits. Il est probable que Hyder n’avait pas moins de 70 à 80,000 hommes.

La petite armée anglaise, Européens et Cipayes,