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(messager) lui remit une lettre de Baillie ; Munro la fut ; il parut enchanté de ce qu’elle contenait, et fit donner au porteur deux pagodes (20 francs). L’Indou porta tour à tour les yeux sur cet argent et sur deux larges blessures par où coulait son sang, et il sourit avec une incroyable expression de dédain. Hyder savait, au contraire, dans le plus grand détail et à point nommé, ce qui se passait chez ses ennemis ; sans doute les bonnes dispositions des habitants à son égard l’aidaient en cela ; mais il employait encore un autre moyen. Nous avons dit comment, parmi les nombreuses tribus de l’Inde, il en est une dont le vol est la loi, la profession ; c’est la Sparte de l’Orient. Hyder avait enrôle à son service un grand nombre de gens de cette tribu, qui se glissaient chaque nuit jusqu’au milieu du camp anglais, où rien ne se pouvait faire sans qu’ils s’en aperçussent. Les Anglais marchaient en aveugles, comme à tâtons, dans le Carnatique, tandis que Hyder les surveillait de dix mille yeux toujours ouverts.

Le 25 septembre (1780), la nouvelle de l’invasion du Carnatique par Hyder, de la défaite du corps de Baillie, de la retraite de l’armée anglaise dans les environs de Madras, fut reçue à Calcutta. On apprit en même temps le manque de ressources de la présidence, la dévastation du pays par Hyder. Le gouverneur-général ne se dissimula pas la situation critique des affaires ; il proposa au conseil suprême : 1° d’envoyer 15 lacs de roupies et un corps considérable d’infanterie et d’artillerie au secours