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après les avoir approuvées, commencent à signer. Deux de ses membres l’avaient déjà fait, lorsque lord Pigot arrache le papier des mains de celui qui le tenait dans ce moment, le met en pièces, tire un papier de sa poche, et déclare qu’il a une accusation à porter contre deux des membres du conseil. Il nomme ces deux membres, qui se trouvent précisément être ceux ayant déjà signé. Lord Pigot les accuse de vouloir renverser l’autorité du gouvernement et introduire l’anarchie dans la présidence, en signant les instructions de Stuart et la lettre au commandant anglais de Tanjore. Cette manœuvre était à la fois habile et hardie. Par la constitution du gouvernement, tout membre du conseil contre lequel s’élevait une accusation ne pouvait voter sur le sujet de cette accusation : par l’exclusion de ces deux membres, le conseil se serait trouvé partagé en deux parties égales ; mais, au moyen de son vote décisif, le président se serait rendu maître des délibérations. La suspension de ces deux membres est votée, et le conseil s’ajourne au jour suivant. Le président triomphant devait se croire alors une majorité permanente. Mais les membres de l’ancienne majorité, à peine le conseil dissous, s’assemblent de nouveau, rédigent à la hâte une protestation contre la conduite du gouverneur, se déclarent le seul gouvernement légal, et enjoignent l’obéissance à tous les employés de la Compagnie, à tous les habitants de Madras. Cette protestation est envoyée à tous les officiers des troupes, à tous les fonction-