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la désaffection que nourrissait le rajah contre tout ce qui était anglais ; il en appela à l’amitié que le roi d’Angleterre lui avait fait témoigner par un envoyé tout exprès, sir John Lindsay. Il se plaignit de ne rien entendre à la politique de la Compagnie, qui faisait une chose dans l’Inde par ses employés, puis la défaisait à Londres par ses directeurs. Depuis la prière jusqu’à la menace, il essaya tous les moyens de persuasion. Il faisait l’offre de placer une garnison anglaise dans le fort de Tanjore ; en un mot, il était prêt à tous les sacrifices ; il avait placé sa vie et son honneur, la vie et l’honneur de ses enfants dans les mains de la Compagnie. Mais à cette proposition d’abandonner les provinces de Tanjore et de Tullojee, d’appeler la honte sur lui-même… « Que puis-je faire ? disait-il ; j’ai été long-temps l’ami de la Compagnie, mon père lui a sacrifié sa vie, j’ai dépensé mes trésors pour son service, et maintenant tout ce que je demande c’est qu’on ait quelque pitié pour mes cheveux gris. » Les personnes les plus indifférentes auraient été touchées de plaintes aussi amères ; pourtant une haine invétérée contre le rajah de Tanjore, une soif toujours ardente de pouvoir et d’accroissement, étaient, au fond, les seuls sentiments qui fissent parler le nabob. Lord Pigot n’en insista pas moins à suivre ponctuellement les ordres des directeurs, et à se charger lui-même de leur exécution, ce qui fut unanimement approuvé par le conseil. Comme la récolte était encore sur pied et