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tion. Sir Elijah Impey (chief-justice) communique cette décision au conseil, ajoutant que s’il agit ainsi, ce n’est pas qu’il soit tenu à cette déférence, mais seulement par bon procédé. Il adresse en même temps au conseil la prière de ne plus accueillir à l’avenir de semblables pétitions, qui ne doivent être adressées qu’à lui seul. La majorité répond qu’elle doit toute sa protection aux indigènes. Nuncomar parut enfin devant la cour suprême : un jury anglais rendit contre lui un verdict de culpabilité ; il fut condamné à être pendu, et subit ce supplice avec ce courage impassible habituel aux Indous.

Le crime dont Nuncomar était accusé remontait à une date de cinq années. Nul n’avait cherché à en réveiller le souvenir avant qu’il se fût fait accusateur du gouverneur-général ; encore, si ce souvenir fut évoqué, ne fut-ce qu’après l’inutilité reconnue d’une autre accusation. Ni la loi indoue, ni la loi musulmane ne punissaient de mort ce crime ; la loi anglaise n’était point applicable aux indigènes ; en thèse générale, on a dit, avec quelque apparence de raison, que pendre un Indou pour fait de faux ou pour polygamie, c’était tout un. Il est vrai de dire cependant que lorsque le cas légal fut porté devant le parlement en Angleterre, les jurisconsultes se trouvèrent unanimement du côté de sir Elijah Impey : ils pensèrent que Nuncomar ayant habité plusieurs années Calcutta, possédant des propriétés sur le territoire anglais, en relations perpétuelles d’affaires avec les Anglais, ayant choisi,