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Il eût été difficile de prononcer avec justice sur les prétentions respectives du nabob et du rajah ; les rajahs de Tanjore et les nabobs du Carnatique avaient tour à tour conquis et perdu le territoire en litige. À cette époque le droit du plus fort était depuis long-temps le seul droit public de l’Inde. Le conseil de Madras écrivait, avec toute justice, à la cour des directeurs : « Le pouvoir est le seul arbitre du droit ; les usages et les titres établis ne peuvent empêcher un État de tomber dans la dépendance d’un autre, si les forces de ce dernier sont supérieures, mais aucun ne peut exiger de dépendance d’un autre si la force lui manque. » Les négociations entre la présidence et le rajah occupèrent les mois de février et de mars de l’année 1771. Pendant ce temps la présidence, se préparant à tout événement, quoique déterminée à ne pas commencer les hostilités, rassembla des troupes et des approvisionnements à Tritchinopoly. Alors le nabob cessa tout-à-coup de se montrer disposé à seconder l’expédition, alléguant tantôt le peu de probabilité que les Mahrattes permissent de l’achever sans intervenir, tantôt la difficulté pour lui-même de trouver assez d’argent pour solder les frais de la guerre. Le nabob, dans ses précédentes sollicitations, n’avait eu d’autre but, en effet, que de contraindre les Anglais de s’allier aux Mahrattes. Comme cette alliance ne s’était pas faite, la crainte de laisser ses États exposés aux invasions de ces derniers le rendait maintenant opposé à