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désignés pour avoir reçu ces sommes. Hastings lui-même était porté sur l’état général pour une somme de 15,000 roupies, son banyan pour celle de 4,500 ; la totalité de l’argent distribué parmi les employés de la Compagnie, depuis la mort de l’ancien rajah, ne montait pas à moins de 936,497 roupies. L’authenticité de ces comptes fut violemment récusée par ceux qu’ils concernaient ; elle demeure douteuse pour l’historien, car elle n’est affirmée que par des Indous, à qui le mensonge est habituel. À la lecture de ces accusations, Warren Hastings sortit de son calme ordinaire : il accusa la majorité de vouloir le dépouiller de l’autorité, d’aspirer à s’emparer du gouvernement ou à le briser dans ses propres mains ; il appela les membres de cette majorité ses accusateurs, les récusant comme juges. Il déclara qu’il ne présiderait pas un conseil où l’on conspirait sa ruine ; que s’ils voulaient se livrer à des investigations sur sa conduite, ils chargeassent de ce soin un comité, ménageant ainsi son caractère et sa situation. Il termina en déclarant sa ferme résolution de dissoudre le conseil toutes les fois qu’il s’en élèverait contre lui une accusation quelconque. L’occasion ne tarda pas à se présenter. La majorité adopta, séance tenante, la résolution de complimenter solennellement la ranna de Burdwan à son entrée à Calcutta. Hastings vit une insulte personnelle dans cet hommage rendu à son accusatrice ; il ajourna le conseil, et quitta le fauteuil de la présidence. L’op-