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à flatter la vaste et noble ambition de Clive, mais il comprit que le temps n’était pas venu, quoiqu’il dût venir, et il sacrifia à cette considération ce que ce projet pouvait lui valoir de gloire et de renommée. C’était un conquérant qui savait prêcher la modération. Gouverner le Bengale et les provinces qui en dépendaient, chose facile avec une petite armée bien disciplinée, lui parut une tâche suffisante pour le moment ; il comprit qu’il fallait s’affermir là, au moyen d’une administration forte et puissante, avant de s’étendre au-dehors. Cette fermeté, dans la modération est, sans aucun doute, un des traits distinctifs de Clive. Beaucoup de soldats auraient gagné la bataille de Plassey, bien peu auraient su s’arrêter après l’avoir gagnée. Les hommes qui demeurent de sang-froid à l’apogée de la fortune m’ont toujours paru les plus remarquables ; ceux-là seuls sont vraiment égaux ou supérieurs à leur destinée. D’ailleurs il s’en faut que ce fût seulement à la tête d’une armée que les talents de Clive fussent remarquables ; ses vues en administration, qu’il ne faut juger que par rapport aux circonstances où elles furent créées, furent grandes, hardies, coupant court aux abus. Son second gouvernement fut aussi remarquable, sous ce rapport, que le premier pour les conquêtes.

À la guerre Clive aimait les marches rapides, les attaques soudaines et imprévues ; il ne permettait à ses armées qu’une petite quantité de bagages ; il se