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combinées avec l’effet de l’opium et son irritabilité nerveuse ; le sentiment, plus cuisant, à ce qu’ont raconté ses amis, à ses derniers moments, de sa dignité blessée, de ses espérances déçues, des attaques dont il avait été l’objet, amenèrent l’événement fatal. Il expira le 22 novembre, dans la quarante neuvième année de son âge.

Clive est sans doute un des personnages les plus extraordinaires qui aient paru sur le grand théâtre de l’Inde ; son nom vivra autant que le souvenir de l’empire anglais dans l’Orient. Il se forma à la meilleure école, celle des dangers et de l’expérience. Il était né général, suivant l’expression de lord Chatam, car il n’eut aucun maître dans l’art de la guerre : mais la nouveauté de ses plans, la hardiesse de leur exécution, déconcertaient les ennemis et enflammaient ses soldats ; avec un grand fond d’ardeur et d’impétuosité dans le caractère, il eut cela de remarquable, de conserver au milieu de ses plus grands succès un imperturbable sang-froid, de ne se laisser jamais enivrer par le succès ; en cela différent de Napoléon, avec lequel il eut quelque analogie par la rapidité de sa fortune, il ne voulut conquérir que ce qu’il se sentait capable de conserver. Après la conquête de ces trois grandes provinces de Bengale, Bahar et Orissa, devenu l’arbitre de l’Inde, une carrière immense, illimitée, s’ouvrait sous ses pas. L’empereur mogol le pressait, le sollicitait de le faire remonter sur le trône de ses ancêtres ; nul projet n’était plus propre