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sait à faire monter la pâleur au front du vainqueur de Plassey. Peu d’hommes, à la vérité, ont rencontré sur leur chemin de plus sévères épreuves, en même temps que sa situation présentait des contrastes qui se sont rarement rencontrés chez un même individu. Sous quelques rapports, il s’était trouvé dans la situation d’un souverain absolu ; il gouvernait despotiquement l’armée, les finances, la politique d’un grand empire ; il faisait le plan en même temps qu’il l’exécutait ; il n’avait de compte à rendre à personne pour des traités faits ou rompus, pour des guerres entreprises ou terminées à sa fantaisie, pour des sévérités exercées à son bon plaisir. À ce point de vue sa situation ne manquait pas d’analogie avec celle de Bonaparte, de Frédéric, de César. Mais en même temps il était aussi un simple citoyen de la Grande-Bretagne, un particulier, un serviteur d’une compagnie de marchands. Les règles qui conviennent à de simples citoyens, à des contrats privés, il les voyait appliquer à ces grandes transactions qui avaient décidé du sort d’une partie de l’Inde. On comprend combien ces différents caractères mêlés ensemble donnaient beau jeu à ses ennemis ; imaginez Napoléon, ou César, ou Guillaume d’Orange, devant un simple tribunal de commerce.

Immédiatement après la clôture du parlement, l’état de sa santé contraignit lord Clive à aller à Bath. Après une courte visite dans ce lieu, les médecins l’envoyèrent sur le Continent. Ces deux sessions pé-