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qu’elle n’avait eu égard ni aux temps, ni aux lieux, ni aux circonstances. L’accusé était un des hommes les plus illustres de l’époque ; par ses talents, il s’était élevé rapidement jusqu’au plus haut degré de la hiérarchie sociale ; ses hauts faits sur le champ de bataille avaient été admirés de tous ; par son génie militaire, par son habileté politique, il avait relevé la fortune déchue de son pays. Il avait donné à l’Angleterre la domination d’un vaste empire, l’un des plus riches du monde, acquisition que celle-ci, bien loin de repousser comme souillée de violence et d’injustice, considérait comme la plus noble de ses possessions, admirait comme le plus riche joyau de la couronne britannique. L’accusé avait joui avec honneur et dignité de sa fortune, que personne pendant seize années entières n’avait songé à lui disputer ; enfin cette fortune avait été acquise par des moyens légitimes, sinon en Europe, du moins dans les lieux où elle s’était formée. Toutes ces réflexions firent naître des doutes, de l’indécision dans les esprits. D’un autre côté, on ne pouvait pas se dissimuler la part qu’avaient eue dans l’accusation les sentiments personnels des adversaires ou des ennemis de Clive ; la chambre commençait à craindre de devenir l’instrument de haines et d’injustices individuelles.

Lorsque la question en vint aux charges directes contre lord Clive, M. Stanley fit la motion que ces mots : « et en agissant ainsi, ledit Robert lord Clive a fait abus des pouvoirs qui lui étaient confiés, au