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pouvait avoir. Quant à moi, je ne saurais dire qu’elle me mette à l’aise ; tout ce que je possède se trouve confisqué par cette résolution ; personne au monde ne voudrait m’assurer pour un schelling. Ce sont là de terribles appréhensions, et sous lesquelles il est permis de succomber. La banqueroute est venue visiter ma maison ; rien ne m’est laissé que je puisse appeler mien, excepté ma fortune patrimoniale de 500 livres, qui date de long-temps dans ma famille. Je saurai vivre, sans doute, avec cela, peut-être même jouirai-je alors d’un plus grand, d’un plus réel contentement d’esprit que je n’en ai trouvé dans la précaire jouissance d’une fortune incertaine. Mais, croyez-le, monsieur, après qu’un intervalle de seize ans s’est écoulé, être appelé à venir rendre compte de ma conduite en cette façon ; après une jouissance non interrompue de ma fortune, la voir remettre tout entière en question, voir décider qu’elle ne m’était nullement garantie, c’est chose dure, bien dure, en vérité. Toutefois, je retrouve au-dedans de moi le sentiment de mon innocence ; je me rends dans ma cause cette justice que ma conduite a été irréprochable ; là sera ma consolation au milieu du malheur qui me menace. Que mes ennemis m’enlèvent donc tout ce que je possède ; s’ils peuvent me faire pauvre, je n’en serai pas moins heureux. Et maintenant, avant de m’asseoir, je n’adresserai plus qu’un mot à la chambre ; ce sera pour lui présenter cette requête :