Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Madras ne voulut point accorder de troupes, et ce refus amena la réconciliation du subahdar avec Bussy. Les affaires du Bengale occupaient alors exclusivement l’attention des Anglais et absorbaient tous leurs moyens en hommes et en argent. Après cette réconciliation, Bussy ne devait pas tarder à acquérir de nouveaux avantages ; mais d’abord il tourna toute son attention vers les circars (provinces) du nord. Il se proposait de toucher leurs revenus arriérés, et d’assurer leur collection pour l’avenir. En conséquence, le 16 novembre 1758, il se mit en marche à la tête de 500 Européens et de 4,000 Cipayes. Le rajah Wizeramrause, qui lui avait déjà donné de nombreuses preuves de dévouement, vint se joindre à lui à la tête de 10,000 hommes. À la vérité, le rajah voulait profiter des bonnes dispositions de Bussy en sa faveur pour satisfaire un désir de vengeance, devenue depuis long-temps sa passion dominante.

Suivant une tradition propre à ces provinces, un roi du Jagernaut, dans l’Orixa, plusieurs siècles avant l’établissement de la religion mahométane dans l’Inde, aurait marché vers le midi à la tête d’une nombreuse armée ; ce roi après de grandes conquêtes de ce côté, se serait emparé du Carnatique jusqu’à Conjeveram ; puis aurait partagé entre ses parents et ses principaux officiers le territoire conquis. Les polygards du nord se prétendent les descendants directs de ces premiers chefs ; ils affirment que les possessions dont ils jouissent ne