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Conjeveram, alors la plus grande ville ouverte et la plus peuplée du Carnatique. Entourée de vastes plaines remarquables par leur fertilité, Conjeveram était célèbre par ses pagodes dans toute l’Inde ; elle possédait aussi un collège de brahmes considérés sur toute la côte de Coromandel comme les interprètes et les régulateurs du culte ; dernière circonstance qui rendait sa possession précieuse aux Anglais et aux Français, aussi se l’étaient-ils long-temps disputée : elle était en ce moment sous la domination anglaise. Les Français firent une tentative pour s’en emparer ; repoussés, et n’ayant pas le temps de tenter une seconde fois la fortune, ils se retirèrent ; et tout en se retirant, mirent le feu à la ville, par représailles de ce qui s’était passé à Wandeswah. Ils se présentèrent le jour suivant devant Outralamore. À leur approche ; les habitants des fertiles plaines du Paliar, effrayés de l’incendie de Conjeveram, abandonnèrent leurs champs, leurs maisons, leurs instruments de labour, pour se réfugier dans les forêts ou sur les montagnes. Accourus pour les protéger, les Anglais n’osèrent cependant rien tenter. Les deux armées continuèrent à demeurer en présence encore pendant six semaines, puis se séparèrent sans s’être tué un seul homme, car toutes deux avaient des raisons pour éviter une action décisive. Prenant enfin son parti, et ne voulant prolonger plus long-temps les dépenses de la campagne, l’armée anglaise effectua sa retraite. Les Français, encore une fois maîtres