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de poissons, et les îles voisines de la mer fournissent dix fois plus de sel qu’il n’est nécessaire à la consommation de la province. L’agriculture, enlevant peu de bras, en raison de l’extrême richesse du sol, un grand nombre d’indigènes peut se livrer à l’industrie : il en résulte que la soie et le coton sont employés dans le Bengale en quantité trois fois plus considérable que dans toute autre province de l’empire de même étendue et de population égale ; que les étoffes qu’il produit reviennent à beaucoup meilleur marché que partout ailleurs. De ces étoffes, la plus grande partie est enlevée par les Européens ; le reste est envoyé par terre ou par mer dans les autres parties de l’empire. Il en est de même du riz, du sucre, du bétel, du gingembre, du poivre, etc. Les métaux sont le seul objet qui puisse forcer le Bengale à recourir aux autres ; mais l’Europe, qui a pris promptement goût aux riches tissus de l’Inde, ne l’en laisse pas manquer, et le Bengale est approvisionné d’armes ou d’instruments, d’outils de fer bien supérieurs à ceux qu’il pourrait fabriquer lui-même. Mais à cette extrême abondance en toutes choses se mêlent les fâcheuses influences d’un climat humide et brûlant, qui engendre de nombreux inconvénients. Les habitants du Bengale, au milieu des populations déjà si efféminées de l’Inde, se font encore remarquer par la faiblesse de leur constitution et l’absence de toute énergie. La force physique, le courage moral, sont pour eux autant de choses inconnues ; tout perfec-