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guinaires dispositions, soit qu’ils voulussent conserver Suraja-Dowlah pour s’en servir au besoin dans l’avenir, furent de l’avis d’un emprisonnement étroit et sévère. Les autres, plus habiles courtisans du nouveau nabob, ou ennemis plus prononcés de l’ancien, se rangèrent de l’avis de Meirum ; ils demandaient l’exécution immédiate du prisonnier, mettant en avant le danger que sa vie ne pouvait manquer de faire courir au gouvernement de Jaffier. Celui-ci, de plus en plus indécis, ou feignant de l’être, n’énonçait aucun avis. Alors Meirum l’engagea à s’aller reposer, ajoutant qu’on serait toujours à temps de reprendre la délibération le lendemain. Jaffier congédia l’assemblée, et se retira dans l’intérieur de ses appartements. Aussitôt Meirum se hâte de rédiger l’ordre fatal, et l’envoie par un serviteur de confiance aux soldats chargés de la garde de l’ancien nabob. Ces soldats, empressés d’obéir dans l’espoir d’une riche récompense, se précipitent à la hâte dans la prison de Suraja-Dowlah : c’était une toute petite chambre sale, obscure, isolée. À leur entrée tumultueuse et désordonnée, Suraja-Dowlah devine le dessein des soldats ; il éclate en sanglots, en larmes, en supplications, puis retrouve enfin assez de force pour demander à accomplir ses ablutions. Un des meurtriers, impatient d’achever, découvre et saisit dans un coin de la chambre un vase contenant de l’eau, et la lui verse sur la tête ; un second le frappe au même instant de son poignard ; les autres l’achèvent à