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n’avait aucune idée de cet usage européen. Mais Clive arrivant au même moment, l’embrasse en le saluant nabob de Bengale, Bahar et Orissa. Meer-Jaffier s’excuse de la lenteur de sa manœuvre de la veille. Clive supprimant toute récrimination, lui conseille de marcher aussitôt sur Muxadavad dans le but de s’emparer de la personne du nabob fugitif. Meer-Jaffier, suivant ce conseil, se met aussitôt en route. Suraja-Dowlah était arrivé dès la veille à Muxadavad où ses principaux officiers le rejoignirent promptement. Les uns lui conseillèrent de se livrer à la générosité anglaise, les autres de reparaître à la tête de l’armée, de l’enflammer par de grandes promesses, et de tenter le hasard d’une nouvelle bataille. Ce dernier parti parut d’abord plaire au nabob ; il ordonna une distribution de trois mois de solde aux soldats ; mais tout le monde s’étant retiré, la même timidité qui l’avait emporté loin du champ de bataille, le fit revenir à un parti qu’il crut moins périlleux. Au point du jour, il fit partir 50 éléphants chargés de ses femmes, de ses pierreries, de ses bijoux, de ses effets les plus précieux ; lui-même devait s’évader la nuit suivante. Le malheur l’ayant rendu défiant, il n’avait mis qu’une seule personne, un de ses eunuques, dans la confidence. L’approche de Meer-Jaffier, dont il fut informé, lui fit hâter son dessein. S’étant déguisé en homme du peuple, il s’échappa de son palais à dix heures du soir par une fenêtre qui s’ouvrait sur la rivière. Toute sa suite consistait en un