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sa victoire. Les nouvelles devinrent bientôt plus rares et plus tristes. Au milieu de la journée, il apprit la mort de Meer-Murden, l’un de ses meilleurs officiers, et ce malheur acheva de lui troubler l’esprit. Il envoya chercher Meer-Jaffier. À peine ce dernier avait-il franchi le seuil de la tente, que le nabob jetant à terre son turban, lui dit : « Jaffier, jurez de défendre ce turban. » Jaffier met la main sur sa poitrine, se prosterne devant le turban, fait sans hésiter les plus solennels serments de fidélité qui lui viennent à la bouche ; puis à peine hors de la tente prend ses dispositions pour aller rejoindre Clive. Deux heures se passèrent encore dans de terribles anxiétés pour le nabob ; alors, apprenant le mouvement offensif des Anglais, il s’élança sur un chameau rapide, et s’éloigna de toute la vitesse de sa monture, accompagné d’environ 2,000 cavaliers.

Meer-Jaffier, dans une lettre à Clive, s’empressa de lui demander ses instructions. Le major Coote fut envoyé avec un détachement pour observer l’ennemi qui fuyait ; le reste de l’armée se mit le soir même en mouvement pour Daudpore. Clive envoya dès le lendemain des députés pour complimenter Meer-Jaffier ; celui-ci les reçut avec quelque embarras, sa lenteur à se réunir à ses nouveaux alliés lui faisait craindre d’avoir encouru leur disgrâce. À peine arrivé au camp des Anglais, il descendit de son éléphant. La garde ayant pris les armes pour lui faire honneur, il s’en montra effrayé, car il