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clairons et de trompettes : c’était l’armée ennemie, qu’on croyait loin de là, et dont on était à peine à un mille. Le nabob s’était d’abord proposé de prendre position auprès du village de Muncarra ; il avait pensé qu’après la prise de Cutwath, les Anglais se mettraient, sans retard, en marche sur Plassy. Les voyant agir avec moins de vivacité qu’il l’avait d’abord supposé, il s’était hâté de les prévenir et de s’emparer de ce poste avantageux. Clive donna quelques heures de repos à ses troupes ; tous ses officiers, lui surtout, agité de tant de soucis, durent veiller. De son côté, le nabob, bien qu’il ne se crut pas aussi rapproché de l’ennemi, passait la nuit en proie à mille tourments, à mille angoisses cruelles. Il était gisant plutôt que couché dans sa tente. Ses grands-officiers, ses courtisans, ses serviteurs l’ayant peu à peu tous abandonné, il finit par se trouver absolument seul. Un soldat qui crut la tente vide s’y glissa pour voler. Le bruit qu’il fit arracha le nabob à ses sombres préoccupations : « Hélas ! s’écria le malheureux prince, ils me croient déjà mort. »

Les deux armées se trouvèrent alors en présence. Les Anglais occupaient le bois de Plassy. Ce bois, dont Clive s’était emparé la veille, s’étendait, du nord au midi, sur une longueur de 800 verges et une largeur de 300 ; il était formé d’avenues régulières de mangliers, entouré d’une sorte de mur en terre et d’un fossé assez profond, mais comblé en un grand nombre d’endroits. Au nord se trou-