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d’une réconciliation ; il envoya des émissaires chargés d’en faire les ouvertures. Les insinuations de ces derniers furent appuyées par plusieurs personnages importants du parti de Jaffier, qui lui conseillaient d’entrer en accommodement. Assez disposé à se ranger à leur avis, il refusait pourtant de se rendre auprès du nabob, soit crainte pour sa propre sûreté, soit dédain pour Suraja-Dowlah. Le nabob, dont la fortune chancelait en ce moment sur le bord de l’abîme, ne se formalisa point de ce manque d’étiquette ; il se rendit lui-même avec une suite peu nombreuse au palais de Meer-Jaffier. Cette visite fut suivie d’une réconciliation apparente : Meer-Jaffier s’engageait à ne pas fournir dans cette guerre de secours aux Anglais ; de son côté, le nabob promettait à Meer-Jaffier de le laisser sortir de la province avec sa famille et ses richesses dès que la paix serait conclue. Des serments réciproques sur le Coran scellèrent ces promesses, que l’un et l’autre étaient également décidés à ne pas tenir ; toutefois, le courage revint tellement au nabob après cette entrevue, que, répondant à la lettre de Clive, il lui rendit menace pour menace. À la même époque, le nabob se trouvait pourtant aux prises avec un nouvel embarras : ses troupes, n’ayant aucun espoir de pillage dans la guerre qui commençait, refusèrent d’entrer en campagne avant d’avoir reçu leurs arrérages. Ce tumulte dura trois jours, et ne fut apaisé qu’au moyen d’une distribution d’argent. Dès que l’ordre fut ré-