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soumettre ses griefs à l’arbitrage des principaux officiers du gouvernement du nabob, notamment de Meer-Jaffier et de Roy-Doolub. Le nabob, en consentant à accepter cet arbitrage, éviterait, disait Clive, l’effusion du sang. Il se flattait de le voir prendre ce parti. La réception de cette lettre n’apprit rien au nabob : d’autres lettres de Calcutta avaient déjà répandu depuis quelques jours le bruit de cette alliance. À ce sujet, Suraja-Dowlah avait même laissé échapper quelques menaces contre Watts dont celui-ci fut aussitôt informé ; sans perdre de temps, il envoya à Clive un agent de confiance pour l’engager à presser sa marche, et prépara tout pour sa propre évasion. Déjà les troupes anglaises avaient quitté Cossimbuzar pour se joindre à celles de Clive. Le 13 juin, Watts, après avoir publiquement commandé de lui tenir un souper prêt à Cossimbuzar, sortit de la ville en palanquin, avec trois autres Anglais, et se rendit à une maison de campagne à 10 milles de la ville. Là, sous prétexte d’une chasse, tous trois montèrent à cheval, et, après avoir couru de grands dangers, parvinrent joindre l’armée anglaise.

Le nabob apprit le départ de Watts au moment même où il se disposait à attaquer le palais de Meer-Jaffier. Cette nouvelle lui montra clairement la liaison des Anglais avec Meer-Jaffier, ce dont il avait voulu douter jusqu’à ce jour, et le jeta dans la consternation. Changeant tout aussitôt de résolution, au lieu d’attaquer Meer-Jaffier, il essaya