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complot au nabob, dans le cas où ses prétentions ne seraient point accueillies. Le comité, auquel en avait référé Watts, fut irrité tout à la fois des prétentions exorbitantes et des menaces d’Omischund. D’ailleurs comme on était en sa puissance, il était dangereux de s’en faire un ennemi. Dans cette perplexité, Clive proposa d’avoir deux traités, l’un réel, devant être exécuté, et qui serait envoyé à la signature de Meer-Jaffier ; l’autre fictif, destiné seulement à abuser Omischund, à qui il serait communiqué ; dans le second, la stipulation en sa faveur serait insérée ; elle serait omise dans le premier. Clive fit effectivement préparer avec le plus grand secret les deux traités : le traité fictif, afin de le rendre plus reconnaissable, fut écrit sur papier rouge ; tous deux furent signés par les membres du comité ; mais l’amiral Watson, qui avait signé le traité véritable, refusa de signer le fictif. Or cette circonstance suffisait à déjouer la ruse, car Meer-Jaffier avait insisté pour que le traité fût signé par l’amiral, et Omischund ne l’ignorait pas. Pour sortir de cet embarras, un des membres du conseil contrefit la signature de l’amiral[1]. Le traité, traduit en persan, fut alors remis à Jaffier, qui écrivit en tête, de sa propre main : « Je jure par Dieu et son prophète d’observer pendant la durée de ma vie les articles du présent traité. »

  1. V. Orme, t. II, p. 155. — Selon sir John Malcolm, l’amíral aurait fini par consentir à ce que son nom fût mis par une main étrangère sur le faux traité.