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la dépendance du nabob. Cependant sir John Lindsay n’en entrait pas moins dans les vues de ce dernier ; il n’était sorte de représentations, de sollicitations qui, par lui, ne fussent mises en œuvre auprès du conseil pour le décider à une alliance avec les Mahrattes. Au plus fort de ces discussions, le ministère, qui s’en alarma, céda aux instances de la cour des directeurs, signa l’ordre du rappel de sir John, qu’il remplaçait par sir Robert Harland ; de nouvelles forces navales furent, en outre, expédiées pour l’Inde. Mais ce n’est pas tout de changer les personnes lorsque les situations demeurent les mêmes ; les mêmes causes ne pouvaient manquer d’agir sur l’esprit de sir Robert Harland de la même façon que sur celui de sir John Lindsay : nous le verrons continuer exactement celui-ci.

Un peu avant cette époque, un des plus terribles fléaux dont l’histoire ait gardé le souvenir désola le Bengale. En 1769, une sécheresse extraordinaire épuisa l’humidité des campagnes, tarit les ruisseaux, transforma les marais eux-mêmes en plaines de sable. Les récoltes manquèrent cette année et la suivante ; à peine sur le sommet de quelques montagnes un peu de riz fut-il recueilli, mais en quantité bien insuffisante pour la consommation des habitants des campagnes dont on sait qu’il est la seule nourriture : les importations, ordonnées trop tard, ne purent y suppléer. Une famine affreuse éclata dans toute l’étendue du Bengale et des provinces voisines. Les villages furent désertés de leurs