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naturel contre ses ennemis. Parmi ces derniers, le président et les membres du conseil étaient ceux qu’il accusait le plus fréquemment : il se plaignait à sir John d’être tout à la fois dépouillé de son pouvoir et de son argent par des marchands étrangers. Ce dernier n’ayant jamais été dans l’Inde, jugeant tout ce qu’il voyait ou entendait d’après les idées de l’Europe, prêtait aux discours du nabob une oreille crédule ; à ses yeux c’était vraiment une monstruosité que des marchands étrangers venant s’ingérer dans la politique et le gouvernement d’un souverain qui voulait bien les admettre dans ses États. Sir John, envoyé et représentant du roi d’Angleterre, ne pouvait, d’un autre côté, voir qu’avec une sorte de dédain de simples employés d’une compagnie de marchands. Par tous ces motifs, auxquels ne tarda pas à se joindre son mécontentement personnel contre le conseil de Madras, il se trouva bientôt tout disposé à entrer dans les idées politiques du nabob. Il ne se croyait peut-être pas bon juge de ce que pourraient être en elles-mêmes les mesures que celui-ci jugerait convenable de prendre, mais le droit qu’il avait de les adopter lui semblait incontestable.

Des embarras au-dehors vinrent bientôt se joindre pour le gouvernement de Madras à ces embarras intérieurs. Dans leur dernier traité, la présidence et Hyder-Ali s’étaient engagés à se soutenir mutuellement, si l’un ou l’autre était attaqué ; c’était même dans ce seul but que Hyder avait con-