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à son départ d’Angleterre, la cour des directeurs ignorait encore complètement existence de la commission dont il était porteur. Il s’en prévalut dès son arrivée à Madras. Étonnés, effrayés de ce qu’ils apprenaient, les employés de la Compagnie se hâtèrent d’en écrire en Angleterre pour avoir une règle de conduite à l’avenir.

Le premier acte d’autorité de sir John fut pénible pour les employés de la Compagnie ; il exigea qu’ils fissent partie de sa suite quand il irait présenter ses lettres de créance au nabob. Jusque là, toute communication du gouvernement anglais avec les princes de l’Inde avait eu lieu par l’intermédiaire des employés de la Compagnie ; sous ce rapport ceux-ci se trouvaient les représentants directs du roi, prérogative qui leur était enlevée par l’exigence de sir John Lindsay : de là, un commencement d’aigreur et d’animosité entre l’ambassadeur et la présidence. Les membres du conseil en firent des représentations par écrit à sir John : ils se forçaient de lui faire comprendre le danger que ferait courir aux établissements anglais tout soupçon de la diminution du pouvoir de la Compagnie, surtout dans les circonstances où l’on se trouvait, c’est-à-dire au moment d’une guerre avec la puissance la plus redoutable de l’Inde ; c’était le moment, ajoutait-il, où les plus grands efforts devenaient nécessaires de la part de la Compagnie, bien qu’il y eût à craindre que ses ressources ne fussent insuffisantes en hommes