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une répugnance manifeste. À la vérité, d’autres motifs que ceux déjà annoncés, qu’il ne disait pas et ne pouvait pas dire, le poussaient encore à la guerre. Le désir de se délivrer de la tutelle des Anglais en agissant indépendamment d’eux, la crainte de voir ceux-ci établir dans le Carnatique un système de gouvernement analogue à celui du Bengale ; c’étaient là au fond les véritables causes de ses velléités belliqueuses. Le jour était sans doute bien éloigné, et devait n’arriver jamais, où, libéré de sa dette à l’égard de la Compagnie, il serait en droit de lui redemander le gage territorial dont elle était nantie ; mais il aimait à devancer ce jour par la pensée. Délivré de cet embarras, au moins momentanément, le conseil se hâta d’en rendre compte aux directeurs : il demandait, en cas que les mêmes circonstances dussent se reproduire dans l’avenir, s’il était convenable de laisser le nabob agir à sa guise, ou de l’en empêcher. C’était demander, au fond, lequel, de la Compagnie ou du nabob, il était à propos de considérer comme le véritable souverain du Carnatique ; et, en effet, la question commençait à devenir dès lors assez indécise. Les possessions du nabob étaient évaluées à un revenu de 70 à 80 lacs de roupies, celles de la Compagnie ne s’élevaient ; qu’à une valeur de 35 à 40 ; mais le nabob était débiteur de la Compagnie pour une forte somme ; d’un autre côté, si les troupes de la Compagnie étaient moins nombreuses que celles du nabob, elles l’emportaient de beaucoup par la