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Quand il parlait de celui-ci, c’était en l’appelant Hyder-Naigue, en signe de mépris ; il lui refusait le titre de nabob. Usant de réciprocité, Hyder ne l’appelait jamais que Mahomet-Ali tout court, ou bien joignait à son nom quelque épithète outrageante. D’ailleurs, tout en s’abstenant de signer au traité, le nabob ne s’opposait nullement à ce que les troupes de la Compagnie fussent licenciées : c’était avec ses propres ressources qu’il prétendait défendre le Carnatique, résolution qui donnait de grandes appréhensions à la Compagnie. Depuis une vingtaine d’années, le Carnatique, théâtre d’une guerre continuelle, n’avait cessé d’être en proie au pillage et à la dévastation. Les revenus étaient tout-à-fait au-dessous des dépenses présumées de la guerre ; enfin l’armée du nabob était elle-même fort inférieure en nombre et en discipline à celle de Hyder-Ali. Il y avait donc tout lieu de croire que la continuation de la guerre tournerait presqu’inévitablement à l’avantage de ce dernier.

La présidence fit donc tous ses efforts pour inspirer au nabob des dispositions plus pacifiques ; elle lui parla de la longue amitié qui les unissait, de la promesse de celle-ci de le soutenir, du tort incalculable qu’elle éprouverait si le Carnatique venait à tomber en d’autres mains, événement dont elle lui montrait la possibilité. Elle lui fit comprendre que cette nouvelle guerre pouvait se prolonger au-delà de toutes prévisions. Le nabob, ébranlé, fut obligé de se rendre, mais non sans