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ne les ait pas faites plus rudes. Mais Hyder était à la tête d’un royaume récemment formé de conquêtes successives ; ce n’était pas trop de tous ses soins, de toute son attention, de toutes ses forces, pour tenir uni cet assemblage de pièces diverses. Or Hyder n’avait pas seulement les qualités du soldat ; demeuré inculte, ne sachant ni lire ni écrire, il n’en avait pas moins celles de l’administrateur et de l’homme d’État. Son ambition était immense, mais il savait l’enchaîner à propos.

Si la Compagnie et Hyder se fussent trouvés seuls en présence, les choses eussent marché plus vite encore. Hyder désirait sincèrement la paix avec les Anglais ; il comprenait combien il eût été avantageux pour lui de s’appuyer sur une puissance européenne, ce qui eût achevé de rendre sa prépondérance incontestable parmi les nations indigènes ; mais, d’un autre côté, Hyder en voulait aux possessions du nabob : or, la Compagnie ne pouvait conserver de neutralité entre ces deux rivaux ; le nabob, malgré sa faiblesse et son incapacité, n’en était pas moins le souverain légal, légitime, reconnu du Carnatique. Après la conclusion du traité sous les murs de Madras, se prévalant de cette situation il voulut continuer la guerre contre Hyder pour son propre compte ; le désir d’étendre ses possessions, une pleine confiance dans l’arrivée d’un secours journellement annoncé du Bengale l’encourageait à ce parti ; une haine invétérée contre Hyder achevait de l’y pousser, de l’entraîner,