Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les revenus du pays appartiennent à la Compagnie, l’administration territoriale n’en est pas moins demeurée dans les mains de l’ancienne autorité. Appointer les employés de la Compagnie à l’office de collecteurs, là où les choses peuvent être aussi bien faites à notre profit par le nabob, sous notre influence, serait jeter le masque et proclamer hautement la Compagnie souveraine. Les nations étrangères en prendraient immédiatement ombrage, des plaintes portées par elles à la cour d’Angleterre pourraient avoir des conséquences très embarrassantes, etc. » Clive croyait donc nécessaire de raffermir le pouvoir des Anglais avant de l’étendre ; le gouvernement des trois provinces dans les mains de la Compagnie, mais sous le nom du nabob, était ce qu’il croyait le plus convenable à l’époque. Cet esprit si entreprenant se montrait alors plein de calme et de modération.

La tâche de Clive avait été rude. Il écrivait, le 6 mai 1766, à M. Palk, gouverneur de Madras : « Pensez-vous que l’histoire fournisse un autre exemple d’un homme ayant 40,000 livres sterling de rente, une femme, une famille, un père, une mère, des frères et des sœurs, et abandonnant sa patrie et toutes les jouissances de la vie pour prendre la charge d’un gouvernement aussi corrompu, aussi insensé, aussi dénué que l’est celui-ci de tout principe de raison et d’honneur ? » Malgré ce moment de découragement, l’activité d’esprit de Clive, la noble ambition d’achever ce qu’il avait com-