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dès lors passé dans les mains de la Compagnie. Le nabob, ainsi réduit, ne paraissait à beaucoup d’esprits qu’une superfétation inutile, une sorte de contre-sens. Beaucoup d’esprits impatients étaient dès lors d’avis d’effacer ce contre-sens, de supprimer ce double gouvernement dont les rouages menaçaient de s’enchevêtrer les uns dans les autres ; ils voulaient que la Compagnie se déclarât hardiment subahdar de Bengale, Bahar et Orissa, ce qu’elle était déjà en réalité. Clive, souvent ardent et emporté, mais chez qui le calme d’esprit dominait dans les circonstances importantes, ne se laissait point aller à ces impatiences ; il disait au comité : « Le premier point sur lequel j’appellerai votre attention, c’est la forme du gouvernement. Il est bien visible que, depuis l’acquisition de la dewanie, le pouvoir qui précédemment appartenait au nabob est passé tout entier dans les mains de la Compagnie ; rien ne reste au nabob que le nom et l’ombre de l’autorité : mais ce nom et cette ombre, il est indispensable que nous paraissions les respecter. Sous la sanction, sous le nom du subahdar, il nous est facile de repousser toute entreprise dirigée contre nous par une puissance étrangère, sans que nous ayons, pour ainsi dire, l’air de nous en mêler ; de même, tous les sujets de plainte que nous pourrons avoir contre des étrangers ne pourront manquer d’être écoutés et accueillis. Il est donc à propos qu’on sache toujours qu’il y a un subahdar ; il est à propos que l’on croie que, quoique