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nom qu’en celui des indigènes ; ils exclurent le plus grand nombre de ces derniers, et maintinrent le prix du sel à des taux exorbitants. Dans ce cas, la liberté amena de fait pour les habitants du Bengale un monopole oppressif et ruineux ; le monopole créé par Clive, au contraire, à peu près tous les avantages ordinairement cherchés par la concurrence et la liberté. Nouvel exemple de l’impossibilité de juger indépendamment de l’expérience les résultats d’une mesure politique ou commerciale quelconque.

La création de ce monopole fut une des mesures qui fut le plus reprochée à Clive. Il est vrai qu’il y avait fait d’immenses bénéfices : avant sa création, il avait acheté une grande quantité de sel qu’il revendit à la société instituée pour faire ce commerce ; puis, comme membre de cette société, il participa à ses bénéfices. Certes, ce n’est pas à cette époque de l’histoire de cette partie du monde qu’il est à propos de chercher des exemples de désintéressement ; toutefois, comme dans la situation de Clive les moyens de gagner autant d’argent qu’il en voudrait étaient absolument à son choix, s’il créa ce monopole, nous devons supposer que ce fut principalement en vue des avantages politiques qu’il en attendait. C’était chose impossible, en effet, d’abolir le commerce intérieur et la réception des présents sans offrir en place, aux employés de la Compagnie, quelque dédommagement, quelque compensation. Or il atteignit ce but par la création