Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de pouvoir qui restait attaché au nom de ce dernier. Clive ne pouvait pas se le dissimuler ; toutefois il jugeait convenable de maintenir encore les anciennes formes du gouvernement. Au lieu de se laisser aller à la puérile ambition de renverser le nabob, il voulait continuer à couvrir de son nom, du souvenir de son ancienne puissance, la réalité du pouvoir actuel de la Compagnie. Le nabob aurait ainsi formé, comme une sorte de corps intermédiaire entre la Compagnie et les indigènes, qui amortissait leur contact réciproque. À cette époque, Clive résumait ainsi son idée : « Il n’est qu’une seule manière de conserver la sécurité de notre commerce, et même la possession de notre territoire ; elle consiste à nous trouver toujours en mesure de dominer, d’effrayer le nabob ; et en même temps de le défendre cependant contre ses ennemis. » Dans ce but, qu’il ne tarda pas à atteindre d’une manière complète, il représenta au jeune nabob la grande dépense rendue nécessaire par l’armée qu’il devait tenir sur pied ; il lui énuméra, en les exagérant, les sommes considérables dues par le nabob à la Compagnie, comme indemnité des pertes éprouvées par celle-ci pendant la guerre ; il parla du tribut annuel dû à l’empereur, etc., etc. Le nabob, effrayé de la difficulté de se procurer tant d’argent, se trouva fort soulagé quand Clive lui en donna le moyen : ce moyen consistait à livrer ses revenus à la Compagnie, à charge à elle de faire face à toutes ces dépenses et de lui fournir