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se trouvant dans le même cas. La situation de sir Robert Fletcher était singulière : après avoir montré beaucoup d’activité à soumettre les séditieux, il fut prouvé qu’il avait trempé dans le complot. Devant la cour martiale, il se défendit par deux raisons non moins étranges que toute sa conduite : il dit qu’il avait été bien aise de profiter de cette occasion pour faire renvoyer, sous prétexte de complot, des officiers dont la conduite était fort mauvaise ; il dit encore que s’il avait paru entrer dans le complot, c’était pour obtenir une connaissance plus complète des projets des officiers, et les déjouer plus sûrement. La cour martiale n’admit pas ces excuses : Fletcher fut déclaré coupable de complot, destitué, et renvoyé du service[1]. La sédition apaisée, Clive se montra tout aussi débonnaire à l’égard des coupables qu’il s’était montré sévère et inflexible pour les réprimer. Il acheva ainsi d’éteindre jusqu’au souvenir d’un événement qui avait fait courir les plus grands dangers aux établissements du Bengale. Forts de leur grand nombre et de leur union, les officiers n’avaient pas douté un moment de faire la loi à la Compagnie ; confiance en leurs propres forces qui, suivant toute probabilité, les fit échouer et sauva le gouvernement : s’ils avaient pressenti la résistance qui se présenta, ils se seraient sans doute

  1. En 1775, nous retrouvons sir Robert Flechter commandant en chef des troupes anglaises à Madras.