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attaqué d’un moment à l’autre, se trouvait dans une situation de plus en plus difficile. Les officiers de sa brigade, bien qu’ils n’eussent pas les mêmes sujets de plaintes faisaient cause commune avec les autres par esprit de corps. Le 6, ils lui avaient formellement signifié leur résolution de quitter le service, le plus grand nombre sur-le-champ, d’autres à compter du 1er juin. Le colonel ordonne aux premiers de se rendre sur-le-champ à Calcutta, aux seconds il dit qu’il ne tient qu’à eux de suivre ceux-ci sur-le-champ ; à tous il fait observer que c’est aux troupes indigènes qu’il appartiendra de sauver l’armée et le Bengale, mais que la honte en rejaillira sur ceux-là seuls qui l’auront méritée. Les officiers s’écrient qu’il attaque leur honneur : Smith répond que l’honneur d’un militaire consiste à demeurer à son poste, à obéir à ses chefs ; il élève la voix, répète l’ordre à ceux qui ont résigné sur-le-champ leur commission de sortir aussitôt du camp, de se mettre en route pour Calcutta. Les officiers en garnison à Allahabad imitent l’exemple de ceux du camp, et déclarent leur intention de partir pour Calcutta le 20 mai ; ils se conduisent, en attendant, d’une manière tellement désordonnée, que le colonel Smith prend le parti de s’assurer de leurs personnes. Craignant de n’être pas obéi des soldats européens, il envoie chercher au camp un bataillon de vieux Cipayes sur lesquels il croyait pouvoir compter. Six des officiers les plus mutins sont envoyés à Calcutta, les autres font des