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tous les monopoles du sel, du tabac, de l’opium, etc. Dans l’état de faiblesse et de désordre où était tombé l’empire, le dewan, bien qu’il ne fût que le représentant de l’empereur, s’en était rendu indépendant ; il était de fait plutôt le propriétaire que le fermier des terres de l’étendue de sa juridiction. À la vérité, les zemindars se faisaient parfois aussi indépendants du dewan que celui-ci l’était devenu de l’empereur. La Compagnie au moyen de cette acquisition de la dewany, de cet emploi de l’office de dewan de Bengale, Bahar et Orissa, acquérait donc aussi non seulement la souveraineté, mais encore la propriété territoriale de ces trois provinces. Cette Compagnie de marchands anglais venait d’obtenir sur trois provinces dont la population surpassait celle de l’Angleterre, un pouvoir supérieur à celui des monarques les plus absolus de l’Europe, qui n’appartient qu’au despotisme oriental. Mais ce n’est pas tout ; ce despotisme, illimité en principe, se trouvait du moins à chaque instant et partout limité de fait par sa propre faiblesse ; or il allait cesser de l’être. Pour le mettre en pratique, la Compagnie disposait de toute la puissance de la civilisation européenne.

Clive et le comité spécial, en rendant compte de cette acquisition à la cour des directeurs, lui disaient : « Des difficultés perpétuelles n’ont jamais cessé de s’élever entre les agents du nabob et les nôtres. Nous avons recueilli des preuves innom-