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tesse, tout souvenir de leurs devoirs envers la Compagnie n’eussent pas été étouffés en eux ; si leurs seules préoccupations n’étaient pas leurs intérêts personnels. Les rapides et presque toujours condamnables fortunes qui se sont élevées ici ont introduit le luxe partout, sous toutes ses formes, dans ses plus pernicieuses conséquences. Toutes les énormités se donnent la main dans l’étendue de la présidence ; il n’est, pour ainsi dire, pas un seul de vos serviteurs qui en soit à l’abri. Chaque employé inférieur ne tend qu’à acquérir de l’argent, afin de pouvoir se livrer à des profusions qui sont actuellement la seule distinction existante entre son supérieur et lui-même ; ainsi a cessé toute gradation de rang : d’une certaine façon, on peut dire que tous les fonctionnaires de la Compagnie sont égaux. Mais ce n’est là qu’une partie du mal : cette avidité, ce besoin, cette sorte d’émulation de richesses détruit nécessairement pour chacun toute proportion, entre le goût et le besoin qu’il a du luxe et les moyens honnêtes qui sont à sa disposition pour y satisfaire. Dans cette contrée l’argent est abondant, la crainte est le seul principe de gouvernement, nos armes n’ont jamais cessé d’être victorieuses : ce sont là autant de moyens de se satisfaire dont il n’est pas à s’étonner que l’avidité des employés se soit promptement saisie. Il n’est pas étonnant non plus que ceux-ci se prévalent de leur autorité pour satisfaire leur rapacité, tantôt se bornant à recevoir, tantôt allant jusqu’à extorquer : des exemples de ce genre