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grande corruption qui régnait alors dans le gouvernement avait poussé Clive et ses deux collègues à la résolution qu’ils venaient de prendre. Lord Clive en parlait en ces termes : « Peu de jours se sont écoulés depuis notre arrivée, mais tout ce que nous avons déjà appris nous engage à ne pas hésiter un instant sur la nécessité de nous prévaloir du pouvoir qui nous a été confié ; tout ce que nous voyons, tout ce que nous entendons n’est qu’anarchie, confusion, et, qui pis est, corruption. » Quatre jours paraîtront peut-être un bien court délai pour avoir mis Clive à même de prononcer d’aussi nettes accusations sur des preuves suffisantes. Le désir d’assumer promptement un grand pouvoir, suivant quelques personnes, avait conduit Clive à mettre quelque empressement à accueillir ces preuves ou du moins ces indices. Dans la supposition où le gouvernement eût continué d’être constitué comme par le passé, le titre de gouverneur n’eût en effet donné qu’une ombre d’autorité ; or Clive n’était pas homme à s’en contenter. Malgré tout, l’expression de la vérité ne s’en trouve pas moins dans les paroles citées.

Dans une lettre écrite aux directeurs peu de mois après, Clive, revenant sur l’état des choses à son arrivée, disait encore : « À mon arrivée, je suis fâché de le dire, j’ai trouvé vos affaires dans un état bien voisin d’être désespéré ; il n’est pas un de vos employés qui n’en eût été alarmé depuis long-temps, si tout sentiment d’honneur, de délica-