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qui ne soient pas sans cesse remis en question ; il commença par s’assurer ces pouvoirs avant de se décider à reparaître sur le théâtre de ses premiers exploits.

Les choses ainsi réglées, lord Clive partit d’Angleterre le 4 juin 1764, et arriva à Madras le 10 avril de l’année suivante. Il reçut là des nouvelles favorables du Bengale : l’expulsion de Meer-Caussim, la réduction de ses partisans, la résolution de l’empereur de se placer sous la protection des Anglais, enfin la mort de Meer-Jaffier. Clive comprit tout aussitôt l’importance de la situation ; on le voit par ce passage d’une lettre écrite en ce moment à un de ses amis : « Nous voici enfin au moment critique que je prévoyais depuis fort long-temps : je veux dire ce moment où il s’agit de décider si nous devons prendre, oui ou non, le tout sur notre compte. Jaffier est mort, et son fils naturel est mineur ; je ne sais s’il a été déclaré son successeur. Suja-Dowlah est chassé des provinces de sa domination, nous les possédons, et c’est à peine une exagération de dire que l’empire du grand Mogol sera demain en notre pouvoir. Nous le savons par expérience, les habitants de ces contrées n’ont d’attachement pour aucun gouvernement ; leurs troupes ne sont ni payées à l’égal des nôtres, ni commandées, ni disciplinées ; on ne saurait douter qu’il suffit d’une armée européenne convenablement nombreuse pour nous maintenir les maîtres