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prêtaient naturellement le lieu et l’éloignement de la scène. La circonstance politique où la nouvelle de ces grands événements avait atteint l’Angleterre était de nature à les faire accueillir avec plus d’enthousiasme et d’avidité. L’esprit public, abattu sous le coup de plusieurs campagnes malheureuses, se prenait avec avidité aux événements de l’Inde, comme à ceux qui pouvaient rendre au nom anglais son éclat. Le roi ne parlait du héros de l’Inde, comme on appelait Clive, que dans les termes les plus flatteurs. Lord Ligonier lui demandant un jour au roi pour le jeune lord Demmoor la permission d’aller servir, comme volontaire, dans l’armée du roi de Prusse, le roi refusa ; lord Ligonier renouvela sa demande pour l’armée du duc de Brunswick : « Pshaw ! dit le roi, que diable ira-t-il faire là ? S’il veut apprendre la guerre, qu’il aille rejoindre Clive. » Un suffrage plus honorable encore et plus flatteur pour Clive était sans doute celui de William Pitt. Ce grand homme d’État, dans un discours sur le bill pour la sédition (muting bill), après avoir raconté les dernières disgrâces des armes anglaises, disait : « Partout, excepté dans l’Inde, nous avons perdu gloire, honneur, réputation ; là s’est trouvé un homme qui n’avait jamais appris l’art de la guerre, dont le nom ne s’était jamais trouvé parmi ceux de nos illustres généraux engraissés dès long-temps de l’argent du peuple, et cet homme était vraiment un général ; on l’a vu avec une poignée d’hommes attaquer et