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mettant à l’autorité du gouverneur et du conseil du fort Williams. » En conséquence, la cour des directeurs se borna, dans une lettre du 1er juin (1764), à inviter le gouverneur et le conseil à s’entendre avec le nabob pour régler d’une manière équitable le commerce intérieur.

La cour des directeurs porta aussitôt toute son attention d’un autre côté ; elle s’occupa des présents reçus par les employés du nabob ou des autres chefs indigènes. Les présents ont joué de tout temps un fort grand rôle dans les transactions politiques de l’Orient. Ils sont même d’usage dans les relations privées : un inférieur n’aborde jamais un supérieur, une personne à laquelle il croit devoir quelque considération, autrement qu’un présent à la main. Les Anglais, ayant alors réuni dans leurs mains à peu près tout le pouvoir politique de l’Inde, les présents devaient s’adresser à eux ; quelques listes en ont été publiées, qui ne sont pas un des moins curieux documents de l’histoire de cette époque. Mais on comprend combien cette habitude pouvait avoir d’influence, et d’une manière fatale, sur le gouvernement. Les nabobs, les gouverneurs, les autres grands personnages de la contrée devenaient sujets à des exactions infinies ; ils ne pouvaient rien posséder en sûreté ; soumis eux-mêmes à des exactions continuelles, ils ne pouvaient y satisfaire qu’en agissant de même à l’égard de ceux qui dépendaient d’eux. Cette coutume des présents contribuait ainsi à l’oppression des sujets indigènes.