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aux officiers de ce bataillon de désigner les 50 plus mutins, et parmi ceux-ci on fait un nouveau choix de 24 présumés les plus coupables. Une cour martiale est aussitôt formée et assemblée. Munro, dans une courte allocution, expose aux officiers qui la composent qu’ils tiennent dans leurs mains le sort de l’armée, qu’il leur appartient de la sauver par la punition des coupables, ou de l’anéantir en les laissant impunis. On procède au jugement : en peu de minutes, les 24 soldats déclarés coupables sont condamnés à mort à l’unanimité ; seulement le genre du supplice est abandonné à la volonté du général en chef. Munro ordonne que 4 de ces soldats soient attachés à la bouche d’autant de canons chargés. En entendant cet ordre, 4 grenadiers cipayes qui se trouvaient parmi les condamnés sortent des rangs : ils réclament comme leur droit de marcher les premiers en cette occasion, comme en toute autre, démarche qui toucha profondément ceux qui en furent témoins. Les soldats chargés de l’exécution appartenaient à la marine ; un de leurs officiers nous dit[1] : « C’étaient de tous les points d’endurcis garnements ; il s’en trouvait parmi eux qui sans faire la grimace avaient fait sauter la cervelle de Bing ; » pourtant on vit des larmes rouler sur leurs joues basanées à l’aspect du mâle courage et de la résignation de ces braves grenadiers cipayes.

  1. Mémoires du capitaine Williams.