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dassent à gagner le grand air. La veille au soir, 146 Anglais étaient entrés dans ce lieu, forts et bien portants ; à cette heure il en sortit 23 vivants, encore faibles, abattus, chancelants à chaque pas, et 123 cadavres, défigurés par les tortures et leur agonie, furent entassés dans le voisinage.

Holwell était parmi les survivants ; incapable de se tenir debout, il fut porté plutôt que conduit devant le nabob. Suraja-Dowlah était plus irrité encore que la veille ; n’ayant pas trouvé d’argent, il s’imaginait que les Anglais avaient caché leurs trésors. Il somma Holwell de les découvrir, le menaçant de nouveaux tourments s’il s’y refusait ; il le fit en effet mettre aux fers, ainsi que deux autres Anglais, membres du conseil, qu’il supposait devoir connaître aussi ces prétendus trésors. Les autres prisonniers furent mis en liberté, avec permission de se retirer où bon leur semblait. L’effroi de rester quelques instants de plus sous la domination de Suraja-Dowlah rendit des forces à la plupart ; on les vit sortir de la ville, les yeux égarés, à moitié en délire, errer dans les campagnes, en quête de quelque retraite bien cachée. Plusieurs demeurèrent dans le voisinage, chez de pauvres villageois, que l’espoir d’une récompense engageait à les recueillir.

Après la prise de Cossimbuzar, la présidence de Madras n’avait pas perdu tout espoir de voir les affaires du Bengale s’arranger à l’amiable ; elle pensait qu’un grand sacrifice d’argent suffirait pour apaiser le nabob. Elle était encore dans cette sécu-