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se présentaient pour percevoir les droits sur les marchandises, c’était eux-mêmes qui semblaient en contravention avec la loi. Chose incroyable, et pourtant attestée par un grand nombre de témoins ! les indigènes se trouvaient forcés de vendre ce qu’il convenait aux marchands anglais d’acheter, d’acheter ce qu’il convenait à ces derniers de leur vendre. Les officiers et les magistrats du nabob en étaient venus à trembler devant le moindre marchand étranger.

Le nabob ne cessait d’adresser au conseil les plaintes les plus répétées sur cet état de choses ; le gouverneur s’efforçait, de son côté, d’y apporter quelque palliatif. Mais la majorité du conseil était opposée à son administration ; elle l’avait été à l’élévation de Meer-Caussim, ce qui eût sans doute suffi pour lui ôter toute volonté de remédier à ces désordres ; et de plus les membres de cette majorité en étaient empêchés par un sentiment bien autrement puissant, celui de l’intérêt personnel. Tous se trouvaient intéressés dans ce commerce intérieur ; et les plus haut placés parmi ceux qui s’y livraient, en retiraient par conséquent les bénéfices les plus considérables ; aussi non contents de se défendre, ils récriminaient. Tantôt ils accusaient Meer-Caussim de vouloir les ruiner pour les punir de s’être opposés à son élévation, tantôt ils reprochaient avec amertume à Vansittart d’abandonner des sujets anglais, des employés de la Compagnie à la merci d’un capricieux despote qu’il lui avait