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approche, les grandes villes formaient leurs bazars, les villages devenaient déserts ; de tous côtés les ruines et la dévastation indiquaient la route qu’ils avaient parcourue. À cette époque, il n’était pas rare de voir de riches marchands indigènes acheter le droit de se servir du nom de simples écrivains de la Compagnie : protégés par ce nom, ils rançonnaient et pillaient à leur aise le reste de leurs compatriotes. Des jeunes gens récemment arrivés pour occuper le poste le plus obscur, se trouvaient tout-à-coup à la tête de 3 ou 4,000 livres sterling de revenu ; la veille encore leur habit de voyage faisait toute leur fortune, et on les voyait tout-à-coup magnifiquement logés et faisant les honneurs d’une table splendide. Un historien, témoin de ce qu’il raconte, nous dit à propos de cet état d choses : « Un commerce intérieur sans paiement de droits fut alors pratiqué, qui engendra une multitude infinie d’actes d’oppression. Les agents anglais, ou gostamaohs, non contents de maltraiter le peuple, foulèrent aux pieds l’autorité du gouvernement, emprisonnèrent et maltraitèrent les officiers du nabob partout où ces derniers voulaient intervenir[1]. » De la durée de leurs usurpations les Anglais en avaient conclu la légitimité, d’où il arriva que les choses furent poussées, à l’extrême. Les collecteurs et les douaniers étaient maltraités, punis, lorsqu’ils

  1. M. Vereits, Vues du gouvernement du Bengale.