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Warren Hastings, destiné à jouer un si grand rôle dans le reste de cette histoire, Warren Hastings, alors résident à Banglepore, dans une lettre au président de la régence (vers la même époque, 1762), s’exprime dans des termes analogues. Il parle de la possibilité d’une rupture prochaine avec le nabob, provenant de tous les abus introduits dans le commerce intérieur des Anglais et leurs agents, et surtout de l’abus fait du nom anglais. Des multitudes de gens se revêtaient de l’habit de Cipaye, s’intitulaient Gostamach, et, à l’abri de ce titre et de cet habit redouté, franchissaient impunément toutes les lignes des douanes ; personne n’était assez hardi pour tenter quelque résistance. L’indolence habituelle et la pusillanimité des Indous concouraient également à dérober au gouvernement la connaissance de ces désordres. Warren Hastings, en naviguant sur le Gange, fut étonné du grand nombre de pavillons aux couleurs de l’Angleterre qu’il voyait flotter sur les deux rives ; pas un bateau ne montait ou ne descendait le fleuve qui n’en fût pourvu. « Je suis certain, disait Hastings, qu’à quelque titre qu’ils aient été arborés, il n’en saurait résulter rien de bon pour les revenus du nabob, la tranquillité de la province et l’honneur du nom anglais. » Dans ce voyage, un parti de Cipayes se rendant à une nouvelle station qui venait de leur être assignée, précédait Hastings, et il put observer à loisir l’esprit de rapine et de cruauté de ces hommes une fois livrés à eux-mêmes : à leur