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parer les prisonniers en deux chambres ; l’Indou s’éloigne, puis revient peu de moments après sans avoir réussi. Holwell promet le double de la première somme : l’officier fait une nouvelle tentative, mais revient encore, et cette fois avec la terrible réponse qu’il n’y a rien à espérer : le nabob dormait, et il n’était personne assez hardi pour oser l’éveiller.

Cependant les souffrances des malheureux prisonniers s’augmentaient de minute en minute. Debord c’était une sueur abondante, une soif insupportable, d’affreuses douleurs de poitrine, une respiration si pénible, qu’elle semblait à chaque instant le dernier soupir. Tous les moyens de soulagement sont successivement tentés : ils se dépouillent de leurs vêtements, ils mettent en mouvement tous les chapeaux ; l’un d’eux propose de s’asseoir tous ensemble et de se relever en même temps. Cet expédient est renouvelé trois fois ; mais chaque fois quelques uns restent pour jamais couchés. Ils essaient encore une fois d’enfoncer la porte, mais leurs efforts se trouvant aussi inutiles que la première fois, leur fureur redouble. Bientôt ce n’est plus qu’un cri : « De l’eau ! de l’eau ! Au nom du ciel, de l’eau ! » Le vieux officier indou demeuré près de la fenêtre leur en fait passer quelques outres ; mais ce fut un fatal service : la vue, l’idée de cette eau achève de jeter ces malheureux captifs dans une sorte de délire furieux ; aucun ne veut attendre son tour pour boire ; chacun fait son possible pour se saisir du