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Khan-Koteishee imagina faire sa cour aux Anglais en raillant le prisonnier de sa défaite, conduite qui n’a rien d’étrange si l’on considère le temps où nous vivons et la société qu’il avait l’habitude de fréquenter ; Ahmet-Khan donc, ayant écarté le rideau du palanquin, dit d’une voix et d’un air railleurs : « — Et Beeby (lady, madame) Law, où est-elle ? » Le major et les officiers, choqués de l’inconvenance de la question, réprimandèrent le questionneur d’un regard sévère ; le major lui adressa des paroles plus sévères encore : « Cet homme, dit-il, a bravement combattu et mérite les égards de tous les hommes braves ; les impertinences que vous lui dites peuvent être bonnes chez vos compatriotes, mais nous, nous avons pour règle de ne jamais insulter un ennemi vaincu. » Ahmet-Khan, arrêté par cette admonition, se mordit la langue sans répondre un mot ; après avoir prolongé sa visite pendant une heure encore, il s’en alla tout honteux. Quoique ce fût un officier d’un grade élevé, un personnage d’importance, personne ne lui parla, ne l’accompagna, ne lui adressa le moindre salut au moment où il se retira. Cette réprimande est de nature à faire beaucoup d’honneur aux Anglais. Il font confesser, à la louange de ces étrangers, que si leur conduite sur le champ de bataille est digne d’admiration, d’un autre côté rien n’est plus modéré ni plus bienveillant que leur manière d’agir envers l’ennemi, soit sur le champ de bataille, dans la chaleur de l’action, soit