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saurait obtenir justice, ou bien de se retirer à la Mecque ; dans le cas où ces deux demandes seraient rejetées, qu’il lui fût du moins loisible d’aller vivre à Calcutta avec sa femme et ses enfants.

Cette mesure ne rencontra pas une approbation unanime dans le conseil ; deux membres, MM. Vereltz, Smith, rédigèrent une sorte de protestation en faveur des engagements autrefois pris avec Meer-Jaffier. Déjà d’ailleurs des germes de dissention existaient dans le conseil. Un de ses membres, M. Amyat, homme de mérite et d’énergie, plus ancien que Vansittart, n’avait pas vu sans un vif chagrin ce dernier appelé à la présidence ; par esprit de vengeance, il le contrariait dans toutes ses mesures. D’un autre côté, on savait les sommes énormes que son élévation au trône avait jadis coûtées à Meer-Jaffier ; on ne doutait pas que le même service n’eût été payé du même prix par Meer-Caussim, et cette idée provoquait dans le conseil des sentiments d’envie et de jalousie contre ceux qui avaient participé à cette dernière révolution. Le conseil spécial, qui n’avait pas donné l’autorisation de déposer Meer-Jaffier, mais seulement d’opérer certaines réformes dans le gouvernement, ne pardonnait pas au gouverneur d’avoir outre-passé ses pouvoirs. Estimable et respectable comme individu, avec les meilleures intentions du monde, Vansittart ne possédait d’ailleurs nullement les qualités de l’homme d’État, indispensables dans le poste élevé et dans les circonstances difficiles où il