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Après le départ de Clive, M. Holwell, comme le plus ancien membre du conseil, avait succédé provisoirement à la présidence ; il fut remplacé, dans le mois de juillet, par M. Vansittart, le gouverneur définitif. Les circonstances étaient critiques : à la nouvelle de la mort de Meerum, les troupes s’assemblèrent tumultueusement devant le palais du nabob ; elles réclamèrent à grands cris leurs arrérages, mêlant à des lamentations sur la mort de son fils de nombreuses injures pour Jaffier ; sa vie fut un moment en danger. Si elle fut sauvée, ce fut seulement par l’intervention de Meer-Caussim, son gendre, sur la promesse d’être proclamé l’héritier du trône à la place de Meerum, s’entremit entre le nabob et les troupes : il paya de son argent une portion de la solde réclamée, et pour le reste les engagea à se contenter de promesses dont il se portait caution. Depuis ce moment la situation du nabob, pénible depuis long-temps, n’avait fait qu’empirer : son trésor était demeuré vide ; ses troupes, toujours au moment de se mutiner, erraient çà et là par bandes ; ses habitudes d’indolence et de volupté l’avaient rendu odieux au peuple comme à l’armée. Le gouvernement de Calcutta partageait lui-même tous les embarras du nabob, et, n’en tirant plus rien, se trouvait, par contre-coup, dans l’impossibilité de payer ses propres troupes. Les Anglais n’avaient plus qu’à choisir entre ces deux partis : ou se procurer de nouvelles ressources d’argent ou abandonner leur situation