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l’ennemi ; quelques officiers le trahirent, lui-même fut dangereusement blessé. À la vue de cette déroute, à la nouvelle de la blessure du rajah, le commandant des troupes anglaises se hâta de marcher au secours de celui-ci ; malheureusement il avait affaibli son petit corps de troupes en le partageant, et cette poignée d’hommes se trouvait dans l’impuissance de résister avec avantage à la multitude qui de tous côtés se ruait sur elle ; en peu de minutes tous les officiers européens furent hors de combat et les Cipayes en déroute. Les Anglais tentèrent alors hardiment de se frayer à la baïonnette un chemin jusqu’à Patna. En voyant cette audacieuse manœuvre, les Indous demeurèrent immobiles, saisis d’épouvante et d’admiration ; ils s’ouvrirent, s’écartèrent instantanément partout où se présentait la petite troupe européenne, qui regagna Patna sans difficulté. Frappé de cette supériorité de courage et de sang-froid sur les indigènes, Mogols ou Indous, un écrivain oriental, en racontant cette retraite de quelques Anglais à travers une armée victorieuse, s’écrie douloureusement : « Dieu, viens en aide à tes serviteurs dans l’affliction ; toi seul peux les délivrer de l’oppression sous laquelle ils gémissent[1]. »

Shah-Alaum et son visir ne surent point profiter de leur victoire. Au lieu de se porter immédiatement sur Patna, que leur livrait le désordre de

  1. Seer-Mutakhaeen, t. II, p. 401.